Le Figaro oublie d´indiquer les liens d´intérêts d´un médecin, auteur d´un article
Le 9 février 2012, le Figaro publiait un article titré « Peut-on mieux prévenir le cancer du col de l´utérus ? » L’auteur, le professeur Jean-Jacques Baldauf, y vante les mérites des deux vaccins actuellement commercialisés (Cervarix, Gardasil). Mais, en cachant au lecteur ses liens avec les firmes fabricantes, il favorise le soupçon de partialité.
« Certaines questions ne manquent pas de se poser à la lecture de cet article, note le sitedocbuzz-l’autre information santé, qui évoque l´affaire. Tout d’abord, le lecteur, en ces temps troublés, aurait sûrement été intéressé par ladéclaration publique de conflits d’intérêt du Pr Baldauf.Cette déclaration remplie par le Pr Baldauf stipule qu’il est investigateur principal d’une étude financée par Sanofi-Pasteur sur le Gardasil depuis 2008, étude qui s’achèvera, d’après sa déclaration en 2018, et qu’il a eu des activités de conseil auprès de la firme GSK, fabriquant du Cervarix, en 2009. Il note par ailleurs dans cette déclaration de conflit d’intérêt qu’il a participé en tant qu’intervenant au cours de congrès financés par Sanofi-Pasteur/MSD, GSK et Grünenthal. »
M. Baldauf est membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, et du département de gynécologie et obstétrique à l´hôpital de Hautepierre (Strasbourg). En tant que professionnel de santé, il est directement concerné par l’article 26 de la loi du 4 mars 2002 sur le droit des patients : « Les membres des professions médicales qui ont des liens avec des entreprises et établissements produisant ou exploitant des produits de santé ou des organismes de conseil intervenant sur ces produits sont tenus de les faire connaître au public lorsqu´ils s´expriment lors d´une manifestation publique ou dans la presse écrite ou audiovisuelle sur de tels produits ».
Le décret d’application de l’article 26 de cette loi est paru auJournal Officiel du 28 mars 2007. Le nouvel article R 4113-110 du code de la santé publique, créé par ce décret, précise que « l’information du public sur l’existence de liens directs ou indirects entre les professionnels de santé et des entreprises ou établissements (…) est faite, à l’occasion de la présentation de ce professionnel, soit de façon écrite lorsqu’il s’agit d’un article destiné à la presse écrite ou diffusé sur internet, soit de façon écrite ou orale au début de son intervention, lorsqu’il s’agit d’une manifestation publique ou d’une communication réalisée pour la presse audiovisuelle ».
Or, ni le professeur n’a estimé utile d’indiquer ses liens d’intérêts, ni le journal ne les lui a demandés. La loi stipule que « les manquements à ces règles sont punis de sanctions prononcées par l´ordre professionnel compétent », en l’occurrence, le Conseil de l’ordre des médecins. Le problème est que celui-ci laisse faire sans réagir.
Aucune sanction ni rappel à l´ordre
A l’heure où les autorités sanitaires se désolent de voir s’éroder leur crédibilité, notamment dans le domaine des vaccinations, cette négligence est très dommageable : « Il faut que l’on sache si tel médecin parle de tel médicament dans les media et nous le prescrit parce qu’il est bon pour notre santé ou alors s’il le fait parce qu’il est payé par le laboratoire pour augmenter le chiffre d’affaires de celui-ci… », écrit docbuzz.
« La loi (…) n’est pas appliquée, s’indigne Elena Pasca surpharmacritique. Il vous suffit d’ouvrir n’importe quel journal médical pour vous en convaincre. Aucun médecin ne respecte la loi et le conseil de l’ordre s’en fout royalement, puisque aucune sanction ou rappel à l’ordre – ou même une circulaire de rien du tout – n’ont jamais été émis. »
Quant à la déontologie journalistique, elle dit dans sa charte que « le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre ».
> Assurément, ce droit du citoyen a être correctement informé est bafoué dans le cas présent. Et, comme il n’existe pas de régulation dans le domaine de la presse, hormis celle apportée par les tribunaux, la manipulation des esprits par le biais des grands médias a encore de beaux jours devant elle.
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