Michel Serres estime ainsi que l’on sous-estime le fait que les animaux, mais aussi la nature, ou les minéraux, qui réfractent la lumière de mille et unes façons, ont une vision propre du monde.
Mi-poétique, mi-philosophie, la réflexion de Michel Serres s’appuie, dans l’ouvrage (Editions Le Pommier, 39 euros), sur une multitude d’images splendides qui illustrent des textes courts et alertes sur l’histoire, les arts, la mythologie ou encore les sciences.
Les animaux retrouvent la vue
«Une peinture, une œuvre d’art est une transfiguration, explique Michel Serres. Plutôt qu’une vision du monde, celle de l’artiste, on peut imaginer que l’œuvre d’art présente le monde tel qu’il nous voit.» Dans son esprit, pourtant très scientifique, l’académicien estime que les grands artistes ont, presque malgré eux, accès à ce que la nature a à nous dire.
Pour mieux percevoir ce que les animaux voient, Michel Serres a pu compter sur le partenariat inattendu de Dassault Systèmes. La société spécialisée dans la 3D a montré au philosophe l’état de ses recherches sur la vision des mouches, entre autres.
Des souvenirs d’enfant en 3D
Mais c’est surtout la grotte de Lascaux, restituée en 3D grâce à un procédé imaginé par Dassault Systèmes qui a véritablement séduit Michel Serres au point que le philosophe a choisi le siège francilien de l’entreprise pour le lancement de son ouvrage.
«Quand j’ai eu la chance de rentrer dans la grotte de Lascaux, la vraie, à l’âge de 12 ans, ça a été une révélation pour moi, raconte Michel Serres. J’ai un souvenir très précis de l’émotion qui m’a envahi alors. J’ai eu des sensations très similaires dans la grotte virtuelle de Dassault Systèmes. C’est vraiment incroyable.»
La plate caverne de Platon
Cette expérience de restitution 3D a confirmé chez le philosophe l’intuition selon laquelle la vision est une notion bien plus complexe qu’on le laisse parfois croire.
La vérité et les étoiles
«La nuit est le modèle de notre savoir, pas le jour, estime Michel Serres. On entre dans une salle de classe, on entre dans un musée, comme on entre dans la caverne. La caverne, c’est le lieu du savoir.»
L’adepte de l’art pariétal trouve par ailleurs dommage de dévaloriser la caverne où, pour la première fois, l’homme inventa l’art. «Platon avait tort, s’emporte un peu Michel Serres. Voir la vérité comme un soleil est une idée un peu fasciste. Il n’y a pas une seule mais des milliards de vérités, comme autant d’étoiles.»
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